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De retour à Barcelone. Cette fois pour participer à la plus grande conférence mondiale annuelle de la téléphonie mobile – 50,000 participants attendus! L’industrie qui déjà façonne irrémédiablement l’évolution de la nôtre…
Je prends quand même quelques heures, avant de quitter la ville, pour aller avec Cynthia découvrir La Sagrada Familia, l’œuvre maîtresse de Gaudi et l’emblème même de Barcelone qui la domine de son énorme stature.
Je l’avais bien vue lors de ma dernière visite, mais de l’extérieur seulement, découragé d’y entrer par la horde de touristes qui faisait la queue – il y aurait plus de 5 millions de visiteurs par année – du coup classant le monument dans mon esprit comme piège à touristes! Erreur d’appréciation évidemment. Pour avoir pris le temps cette fois d’y pénétrer et d’y déambuler, je dois dire que c’est à coup sûr le temple le plus original qu’il m’ait jamais été donné de voir – un peu dans la veine de sa Colonia de Güell – ce qui se voulait la crypte d’une cathédrale que Gaudi n’a jamais pu finir, à proximité de Barcelone (voir blogue de mars 2009) – mais à une échelle combien plus grandiose.
Remarquable! Gaudi a passé le plus clair de son existence professionnel à y travailler – plus de 40 ans! Pour mieux s’y consacrer, il y logeait, littéralement, les dernières années de sa vie, jusqu'à sa mort accidentelle, frappé par un tram en 1926, laissant l’œuvre évidemment inachevée. Ce qu’il prévoyait sans doute de toute façon puisque la construction d’un tel édifice ne pouvait se faire que sur de nombreuses décennies – il s’amusait à dire que « son client – Dieu – n’était d’ailleurs pas pressé »! De fait, le temple demeure toujours en construction, et ce n’est pas une « figure de style » comme on peut parfois croire : les travaux s’y poursuivre sérieusement pour parachever la construction des tours principales au centre de l’édifice. On espère finir le tout en 2026, pour coïncider avec le 100e anniversaire de la mort de Gaudi. Si on y parvient (çà reste à voir), on y aura mis un peu moins de 150 ans à le construire – ce qui se compare même avantageusement au temps que l’on pouvait mettre à la construction des cathédrales romanes et gothiques!
C’est vraiment l’œuvre-synthèse de Gaudi. Tout y est. D’abord l’inspiration de la nature qui caractérise toutes ses réalisations: les colonnes et la voûte de la nef centrale, quand on observe d’en bas, rappelle l’effet que créeraient, vue de la même perspective, les troncs et la tête d’énormes arbres contre le ciel en arrière plan.
Puis la sensualité des formes, toutes en courbes. Y ajouter le caractère inusité parfois presque grotesque des éléments architecturaux, comme les sculptures – les pinacles qui terminent les nefs à l’extérieur par exemple. Et puis ce contraste si frappant entre la façade de la Nativité du côté du levant, tout en fiorure baroque excessive, et la façade de la Passion et de la Mort, du côté du couchant, très austère, aux âpres sculptures représentant le chemin de la croix et la mort du Christ. Plus on s’y attarde également, plus on y découvre le souci extraordinaire du détail.
Tout çà laisse une impression indélébile; on ne peut que s’exclamer d’admiration devant autant d’imagination et de persévérance dans la réalisation.
Le temps nous manque hélas pour monter à l’une des tours et observer le panorama de la ville…