Un saut rapide au Louvre, le temps de s’inspirer…
http://www.louvre.fr/llv/exposition/detail_exposition.jsp?CONTENT%3C%3Ecnt_id=10134198674147510&CURRENT_LLV_EXPO%3C%3Ecnt_id=10134198674147510
« Les Routes d’Arabie ». Exposition inusitée sur des antiquités venant de la péninsule arabique. Inusitée car il est rare que le sujet retienne l’attention tant il y a si peu à exposer. Du moins croyait-on jusqu’à maintenant. Car si ce n’est pas la Mésopotamie, il reste que l’histoire de ce qui est appelé aujourd’hui l’Arabie saoudite remonte à loin et que l’on retrouve de plus en plus de vestiges des premiers temps.
Comme on peut s’y attendre cependant, l’histoire de la région se définit essentiellement au gré des routes, terrestres et maritimes, qui relient, entre autres, les oasis, qui se retrouvent çà et là dans la péninsule, aux régions avoisinantes de l’Égypte, de la Méditerranée, de la Mésopotamie, du Golfe, et même du bassin de l’Indus. Ce fut d’abord essentiellement le commerce, puis la religion, avec l’avènement de l’Islam, beaucoup plus tard, et les pèlerinages aux villes saintes de La Mecque et de Médine. D’ailleurs l’excellence de ces routes millénaires doit y être pour quelque chose dans l’expansion extrêmement rapide de l’Islam peu après sa création au milieu du 7e siècle de notre ère.
L’exposition ne propose que quelques spécimens qui remontent aussi loin que le quatrième millénaire avant J.-C. Entre autres, deux stèles anthropomorphes, remarquables de simplicité, presque modernes dans leur design, et qui a mon sens définissent cet exposition, par leur originalité et la qualité de leur préservation. (photo çi-bas de Michael Harvey/Musee du Louvre, via European Pressphoto Agency)
Autre attraction, cette « tête d’homme » à la chevelure bouclée et au visage déformé par un enfoncement très marqué de la joue droite, coulée dans le bronze, et qui date du tournant de l’ère moderne. S’inspirant de la tradition gréco-romaine, elle témoigne de la présence de Rome dans la région. De fait l’exposition présente une inscription latine sur pierre de l’époque, retrouvée à Hégra, au nord du Hejâz, qui devait constituer la principale agglomération du sud de la province romaine d’Arabie. (Hégra par ailleurs, apprend-on, est le site d’une immense nécropole qui donne lieu à des fouilles entreprises en 2001 par une équipe franco-saoudienne).
Plus on avance dans l’exposition, plus l’Islam se fait sentir, et tourne autour des villes saintes (entre autre, une série de stèles funéraires de La Mecque). Et puis l’énorme porte de la Ka ‘ba, original, faite de placage de feuilles d’argent, dorées et montées sur un fond de bois; elle date du 17e siècle (1635-36) et on suppute qu’elle fut fabriquée à Istanbul, dû à la qualité du travail. Elle fut remplacée lors de travaux de réfaction de la Ka ‘ba au XXe siècle (probablement autour des années ’40). Impressionnant!
Cette exposition a en fait un caractère très officiel : elle se tient sous le patronage du Président de la République et du Roi d’Arabie saoudite (« Serviteur des deux lieux saints » comme le veut son titre officiel!) (On ne fait pas état de ventes de Mirage cependant! Ce serait évidemment déplacé!...)
Il y un catalogue de l’exposition – 624 pages! Je me suis contenté de l’Album souvenir, beaucoup plus compact…
P.S. There was also a long review of the exhibition in this weekend’s edition of the IHT; byline: “Startling Louvre show features artifacts never seen in the West”. http://www.nytimes.com/2010/07/24/arts/24iht-melik24.html?_r=1&scp=1&sq=routes%20d'arabie&st=cse
Paris, le 26 juillet 2010