samedi 29 septembre 2012

Montréal – septembre 2012


Du 22 au 28 septembre

Réunion d’affaires (sessions CIS de la CISAC). Réception offerte par la SOCAN à l’Arrivage, au Musée de la Callière, dans le Vieux-Montréal.

Logeons dans un appartement dans le Vieux-Montréal – “McGill Ouest”, 630 rue William, #717 – à proximité de l’hotel oàu se tiennent les réunions (Hotel Bonaventure).

En Profitons pour voir deux spectacles: La Traviata à l’OSM (Salle Wilfrid Pelletier à la PdA, samedi le 22) et les Grands Concerts de l’OSM (à la Maison Symphonique, Place des Arts, jeudi le 27). Voir les notes plus bas, telles que reprises des sites internet.

Température saisonnière (beau, frais, pour la plupart du temps, autour de 70F)

Restaurants fréquentés: Vallier; Le Latini, Le Cartet, Brasserie T, Chez l’Epicier, Le Locale, Le Bremner, Graziella, Olive et Gourmando, et Anziamo.



Giuseppe Verdi

LA TRAVIATA



Après les succès de Rigoletto (2010) et d’Il trovatore (2011), l’Opéra de Montréal conclut sa présentation de la « Trilogie populaire » de Verdi. Inspiré de l’immortelle Dame aux camélias, ce drame intemporel demeure un des opéras les plus joués au monde. Il est servi dans une distribution européenne de grande classe, menée par l’exceptionnelle tragédienne lyrique Myrtò Papatanasiu.



Violetta, courtisane très en vue, aime Alfredo, jeune homme de bonne famille. Le père d’Alfredo convainc Violetta de renoncer à son amour pour sauver l’honneur... Consumée par le désespoir et la maladie, sacrifiée sur l’autel des conventions, Violetta en mourra.





Les Grands Concerts:



JAMES CONLON, chef d'orchestre

GIL SHAHAM, violon

Programme: RAVEL- Le Tombeau de Couperin; BRITTEN - Concerto pour violon; DEBUSSY - Le Martyre de Saint-Sébastien – Fragments;

RAVEL- Rapsodie espagnole

Shaham : « Un virtuose et un interprète d'une profonde et totale sincérité… L'un des violonistes actuels les plus dominants» (The New York Times)

« Virtuose et interprète d’une profonde et intense sincérité… l’un des plus éminents violonistes d’aujourd’hui » selon le New York Times, Gil Shaham fera vibrer son Stradivarius dans le Premier Concerto pour violon de Britten, créé en 1939 à New York, une œuvre toute en contrastes qui repousse les limites du genre.



Debussy et Ravel se partagent le reste du programme. Nous entendrons les fragments symphoniques du Martyre de Saint Sébastien, extraits d’un ballet écrit pour la grande ballerine Ida Rubinstein. Ravel quant à lui nous envoûtera avec sa Rapsodie espagnole, sa première grande œuvre orchestrale, et Le Tombeau de Couperin, proche du concerto pour orchestre, hommage à la musique française baroque.



James Conlon, chef d'orchestre

James Conlon est le directeur musical du Los Angeles Opera, du Ravinia Festival (la résidence d'été du Chicago Symphony Orchestra), et du Cincinnati May Festival, où il a assuré la direction artistique plus souvent que tous les autres directeurs musicaux, au cours des 138 ans d'existence de ce festival. De plus, il fait partie des directeurs musicaux en poste pendant le plus grand nombre d'années, si l'on considère toutes les principales institutions de musique classique de l'Amérique du Nord. Depuis ses débuts au New York Philharmonic en 1974, il a été invité à diriger pratiquement tous les orchestres importants d'Amérique du Nord et d'Europe, et pendant plus de 30 ans, il a souvent été invité à diriger le Metropolitan Opera.

Réputé pour ses interprétations du cycle L'Anneau du Nibelung de Wagner en Europe, M. Conlon a dirigé ce cycle pour la première fois aux États-Unis (au Los Angeles Opera) en 2010. Dans le but de sensibiliser le public aux compositeurs réprimés par le régime nazi, M. Conlon s'est fait le défenseur de la musique d'Ullmann, d'Haas, de Korngold, de Schulhoff et de Krenek, entre autres, ce qui lui a permis de recevoir le Crystal Globe Award de l'Anti-Defamation League. Il a beaucoup enregistré sous étiquettes EMI, Erato et Sony Classical, et a reçu des Grammy Awards dans les catégories Meilleur album classique et Meilleur enregistrement d'opéra pour son enregistrement avec le Los Angeles Opera de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Weill.

M. Conlon a été fait Commandeur des arts et des lettres par la France et a reçu la Légion d’honneur en 2002.



Gil Shaham, violon

Gil Shaham unit une technique parfaite à une chaleur inimitable et à une grande générosité d'esprit. Il est recherché par les plus grands orchestres, salles et festivals. Il poursuit son exploration des concertos des années 30 avec le New York Philharmonic, les orchestres symphoniques de Boston, Chicago, San Francisco, Kansas City et de la NHK et l'Orchestre de Paris. Il jouera aussi avec le Los Angeles Philharmonic, le Philadelphia Orchestra et les orchestres symphoniques de Pittsburgh, St. Louis et Seattle, et continue de se produire en récital avec le pianiste Akira Eguchi.

Shaham a enregistré plus de 24 CD. Il a remporté des prix Grammy, un Grand prix du disque, un Diapason d’or et un Gramophone Editor’s Choice. Ses récents enregistrements comprennent Sarasate: Virtuoso Violin Works, le Concerto d'Elgar, le Concerto et le Trio en la de Tchaïkovski, des albums d'œuvres de Prokofiev, Fauré, Haydn et Mendelssohn, et Mozart in Paris. Il lancera une série de concertos des années 30, ainsi qu'un enregistrement de mélodies hébraïques avec sa sœur, la pianiste Orli Shaham.

Il a remporté une subvention de carrière et le prix Avery Fisher. Il joue sur le Stradivarius « Comtesse Polignac » (1699) et vit à New York.

Notes



« Claude Debussy […] capte les jeux fugitifs de l’onde et de la brise, les frémissements de la forêt, la course rapide des nuages changeants, le vol de l’insecte qui frôle fleur, le passage des anges, des idées, des souvenirs et des âmes. Ravel, au contraire, s’arrête, fixe le papillon sans altérer ses couleurs, le sertit et l’encadre… Ce que la sculpture statique de Maillol, la peinture construite de Cézanne sont à Rodin ou à Monet, la musique de Ravel l’est à celle de Debussy. Réaction inévitable. Mais pourquoi opposer ces deux génies avec une sorte d’antagonisme, alors que l’un et l’autre professaient pour la musique de chacun une estime profonde et une admiration sincère? » Suivons aujourd’hui l’exemple le poète Léon-Paul Fargue et jouons plutôt les appositions que les oppositions, acceptons que le langage musical ne peut être perçu qu’en lui accordant une liberté entière d’expression. Le Concerto pour violon de Britten, écrit pour un expatrié peu après la fin de la Guerre d’Espagne, dont le dernier mouvement se veut un presque douloureux hommage aux chaconnes de Bach et Purcell, deviendra ainsi prolongement naturel du Tombeau de Couperin de Ravel, salut aux musiciens français du 18e siècle et aux amis disparus, ainsi qu’aux fragments symphoniques du Martyre de Saint Sébastien de Debussy, inspiré par les mystères du Moyen-âge.



Maurice Ravel

Né à Ciboure (Pyrénées-Atlantiques) le 7 mars 1875

Mort à Paris le 28 décembre 1937

Le Tombeau de Couperin

« La ligne nette, fine et continue des Pyrénées, barrière mais non limite, est comme la ligne de la musique ravélienne, qui jamais ne se rompt ni ne déborde, mais s’appuie, ferme et nette, entre la terre et le ciel. », écrivait Fargue dans son essai consacré à son ami. Cette maîtrise du langage reste particulièrement évidente dans Le Tombeau de Couperin, créé dans sa version pour piano solo par Marguerite Long le 11 avril 1919, mais qui habitait le compositeur depuis le début de la Première Guerre mondiale. (La version pour orchestre, qui reprend quatre des six danses sera créée le 28 février 1920 aux Concerts Pasdeloup.)

Il faut ici entendre le titre de tombeau non pas dans un sens funèbre (même si chacun des mouvements est dédié à un ami tombé au combat), mais plutôt mallarméen d’une « composition poétique ou musicale en l’honneur de quelqu’un ». Le musicologue américain Louis Biancolli décrit plutôt la suite comme « une couronne funéraire placée par un classiciste français moderne sur la tombe d’un prédécesseur révéré ».



Claude Debussy

Né à Saint-Germain-en-Laye (près de Paris) le 22 août 1862

Mort à Paris, le 25 mars 1918

Le Martyre de Saint Sébastien - Fragments symphoniques

Au début de 1911, Debussy reçoit une commande de musique de scène pour un Mystère de Gabriele d’Annunzio, immense poème, écrit en français (mais ne comprenant que des mots existant au 15e siècle), en cinq actes (ou plutôt « Mansions », terme repiqué des Mystères médiévaux), dépassant les quatre heures. Le rôle-titre devait être parlé et dansé par Ida Rubinstein (qui passerait commande à Ravel en 1928 pour un certain Boléro), commanditaire de l’œuvre. Même si la première était prévue à la fin mai et que le texte entier lui parviendra le 2 mars, le compositeur ne chercha pas à se départir de ses obligations, tant le projet le fascinait. Il confia cependant certaines orchestrations à son ami André Caplet, qui devait diriger les représentations.

L’équipe de création n’était toutefois pas au bout de ses peines. Peu avant la première, le cardinal-archevêque de Paris menaça tous les catholiques qui y assisteraient d’excommunication, la juxtaposition entre sensualité païenne et spiritualité chrétienne et le fait que le saint soit représenté par une danseuse juive lui semblant trop osés. Le 22 mai, la première devait recevoir un accueil désastreux et l’œuvre entière d'Annunzio serait mise à l’index. Après quelques représentations, la production dramatique quittera l’affiche et survit principalement aujourd’hui à travers les fragments symphoniques entendus ici.



Benjamin Britten

Né à Lowestoft le 22 novembre 1913

Mort le 4 décembre 1974 à Aldeburgh

Concerto pour violon, opus 15

Britten met la dernière main à son Concerto pour violon en septembre 1939, à Saint-Jovite (dans les Laurentides). « À une époque comme celle-ci, écrit-il à son ami Wolfgang « Wulff » Scherchen, il est particulièrement important de travailler – que les humains puissent penser à autre chose qu’à se faire tuer! » La première sera donnée le 28 mars 1940 par Antonio Brosa (qui avait déjà créé sa Suite pour violon et piano opus 6) et le New York Philharmonic, sous la direction de John Barbirolli. La critique devait se révéler très divisée, « assez violente – soit pour, soit contre » explique Britten dans une lettre à son beau-frère. Le redoutable critique Olin Downes louera néanmoins sa maîtrise de l’orchestration. Dans une missive à son éditeur, Britten n’hésitera pas à affirmer qu’il s’agit là de son meilleur ouvrage à ce jour, « bien qu’un peu sérieux je le crains ». À ce titre, le Concerto demeure représentatif d’une certaine morosité animant à l’époque le compositeur, qui parlait même d’abandonner la musique.

« Tu n’as que 26 ans. Tu as déjà formidablement réussi… Que veux-tu encore, du sang? », rapporte David Rothman, un ami de la traductrice Elizabeth Mayer, mère d’adoption de Britten.



Maurice Ravel

Rapsodie espagnole

« Ravel, ce Grec d’Espagne », comme aimait le définir André Suarès, jamais n’oubliera le pays basque, patrie de sa mère, et les sonorités espagnoles. « Sa transposition était si racée qu’elle donnait du pays traduit une image plus pure, plus “stylisée” que n’importe quelle mélodie de terroir recueillie avec ses altérations ou ses excès, résume Fargue. Il est demeuré Ravel en écrivant espagnol. »



Composée en 1907, soit un an avant Iberia de Debussy, la Rapsodie espagnole devait convaincre le public (qui bissa la « Malagueña »), dont le compositeur Manuel de Falla. « La Rapsodie me surprit par son caractère espagnol », écrira- t-il dans la Revue musicale en 1939. En parfait accord avec mes propres intentions (et tout à l’opposé de Rimski-Korsakov dans son Capriccio), cet hispanisme n’était pas obtenu par la simple utilisation de documents populaires, mais beaucoup plus (la jota de la « Feria » exceptée) par un libre emploi des rythmes et des mélodies modales, et des tours ornementaux de notre lyrique populaire, éléments qui n’altéraient pas la manière propre de l’auteur… » Louis Laloy avait lui aussi perçu la grandeur de l’œuvre, comme en témoigne son article de la Grande Revue : « La suite d’orchestre […] n’est pas seulement un régal pour l’oreille et l’esprit; elle affirme, avec autant de décision que les Histoires naturelles, une personnalité qu’on peut aimer ou haïr, mais dont ne saurait méconnaître l’indépendance et l’intérêt. […] C’est une Espagne fort bien observée, mais par un œil qui s’amuse, et volontiers charge ou déforme : l’Espagne de Cervantès ou de Goya, avec des lignes plus cherchées, des formes plus tourmentées, et de plus fantasques caprices; une Espagne quelque peu japonisante, toute en détails piquants, en clins d’œil, en grimaces, en contorsions imprévues, impossibles presque, saisissantes d’accent. »



Par Lucie Renaud