Oui, de retour à Toronto, à l’AGO (Art Gallery of Ontario) plus exactement, 30 ans après la première tournée nord-américaine et mondiale d’une exposition faisant découvrir au monde extérieur à l’Égypte et au Moyen-Orient, les extraordinaires trésors que livrèrent la tombe presqu’intacte de ce « pharaon-enfant » qui vécut il y a plus de trois millénaires! (voir http://www.ago.net/kingtut)
On connait tous (plus ou moins) l’histoire de la découverte de la tombe de Toutankhamon en 1922, durant les fouilles menées dans la Vallée des Morts par l’archéologue britannique Howard Carter (« Yes, I see wonderful things », aurait-il balbutié au moment où, à la faible lueur d’une chandelle, il aperçu pour la première fois le contenu de la tombe). L’exposition s’inspire par ailleurs du plan de cette tombe (avec ses quatre salles – l’ « antichambre », l’ »annexe », la chambre funéraire où reposait le sarcophage, et la « chambre du trésor ») et expose une cinquantaine des quelque 2000 objets remarquablement bien conservés que contenait le tombeau.
Manque à l’appel cette fois cependant, le plus célèbre de ces objets, le fameux masque funéraire du jeune roi (la photo ci-contre, prise par Bjørn Christian Tørrissen, publiée ici sous licence Creative Commons), qui en a fait la réputation si répandue aujourd’hui et qui faisait partie de la première exposition itinérante mondiale de 1972 à 1979 (apparemment que les autorités égyptiennes se sont opposées à l’inclure dans cette deuxième exposition internationale, du fait que cette relique serait maintenant trop fragile – il faudra aller la voir au musée égyptien du Caire!)
L’exposition par ailleurs ne se limite pas qu’à Toutankhamon et présente en première partie, en guise d’introduction, nombre de statues et de reliques expliquant un peu l’histoire et le contexte du temps, incluant une salle sous le thème de l’or (qui constituait selon les mythes du temps « la peau des dieux ») contenant une collection d’artefacts fort impressionnants faits de ce métal précieux, entre autres ce buste funéraire extraordinaire et intact du pharaon Psusennes I (3e roi de la 21e Dynastie remontant au 11e siècle avant notre ère), ramené à la surface par l’égyptologue français Pierre Montet en 1939 - photo ci-contre, prise par Lazaroni, reproduite ici sous licence Creative Commons.
(Montet a passé, à la tête d’une équipe d’archéologues français, une douzaine d’années à conduire des fouilles sur le site de l’ancienne capitale de la Basse Égypte, Tanis, dans le delta du Nil, et dont les découvertes de l’époque – une nécropole royale contenant plusieurs momies intactes datant des 21e et 22e Dynasties – rivalisent bien en cela celles de Carter 17 ans plus tôt dans la Haute Égypte).
Ce qui fascine également avec Toutankhamon, c’est le mystère qui a régné tant autour de sa vie que de sa mort, à 19 ans à peine. Il était le fils d’Akhnaton (ou Akhénaton), ce roi qui imposa pour un temps le monothéisme en Égypte, avec le culte unique du dieu-soleil, Aton, et dont le nom fut ultérieurement, avec le retour subséquent du polythéisme, oblitéré des registres officiels - un antécédent qui devait également marquer Toutankhamon dont le règne – dix ans – fut ignoré par les générations qui ont suivi. C'est assez paradoxal que la connaissance populaire aujourd’hui de l’Égypte lui doive autant!
Tout aussi fascinant sont les causes de sa mort. Il n’y a probablement pas de momies (sauf peut-être celle de Ramsès II) qui furent soumises à autant de tests scientifiques (rayons-X, scan, ADN , etc.…) dont les résultats des derniers ont été publiés il y a à peine un mois passé, en février de cette année, et qui révèlent que, contrairement à l’hypothèse commune jusqu’ici, qu’il aurait peut-être été assassiné d’un coup à la tête, sa mort aurait été due à des complications suite à une fracture de la jambe, aggravée par un cas de malaria aigüe (les différents examens auraient révélé également qu’il était affecté d’un palais fendu et d’un pied bot – pas étonnant avec autant d’ « inner breeding » auquel s’adonnait la royauté égyptienne!)
« Tutankhamun, the Golden King and the Great Pharaohs ». Une exposition fort bien présentée - qui fait un peu holywoodien tout de même avec ces effets cinématographiques – ces immenses portes qui s’ouvrent devant vous pour donner accès à l’exposition, suite au petit film d’introduction narrée par « Indiana Jones » Harrison Ford! Une production de National Geographic, en collaboration avec le gouvernement égyptien, en Amérique du Nord depuis 2008, et qui se poursuit à New-York plus tard cette année.
Toujours un plaisir de redécouvrir la magnificence de l’Égypte ancienne et la richesse de son histoire…
Le 27 mars 2010