Un Te Deum à Malte – 21 septembre 2008
A Malte depuis hier, pour une série de rencontres tout au cours de la semaine, sous l’égide de la CISAC. Profite de cette journée libre pour visiter les points forts de cette remarquable contrée, perdue sur ces quelques îles dans la Méditerranée. Valletta, première ville « planifiée » d’Europe, ville-forteresse construite en un temps record par les Chevaliers de St-Jean au milieu du 16e siècle pour se prémunir d’une attaque par les turcs Ottomans, et qui devait bien les servir lors du Grand Siège de 1565, victoire des maltais qui devait marquer le début de la fin de l’empire ottoman, et le commencement de plus de 200 ans de régime par les Chevaliers de St-Jean sur Malte (Charles Quint leur avait fait don de l’île en 1530 après que les Chevaliers aient été évincés de Rhodes par Soliman le Magnifique; Napoléon, en occupant l’île, mettra fin à leur régime en 1798.)
Assistons à la messe à la co-cathédrale de St-Jean, qui s’avère être une grande messe Te Deum, vu qu’il s’agit que c’est le jour de la fête nationale (« Independence Day ») et que le tout-Malte s’y trouve, à commencer par le Président du pays, Dr. Edward Fenech-Adami, et l’Archevêque de Malte, Monseigneur Cremona, suivis par toute la classe politique. Tout ce qu’il y a d’officiel, avec parade militaire devant le parvis de la cathédrale. L’idée pour nous était donc de voir cette cathédrale, fermée aux visiteurs les jours de culte – alors comment y entrer sinon en y assistant à une messe! On parle de co-cathédrale, car elle partage cette dénomination avec la co-cathédrale de St-Paul qui se trouve dans l’ancienne capitale, Mdina, cette dernière précédant de quelques centenaires l’attribution de ce titre de siège de l’épiscopat catholique à Malte. Depuis, je pense que la co-cathédrale de St-Jean à pris l’ascendant. Très belle cathédrale, construite par les Chevaliers après le Grand Siège. La façade est plutôt simple, encadrée de ses deux tours, mais l’intérieur, une richesse du baroque maltais. Une nef assez longue mais basse. Chose aussi remarquable, c’est le ciselage des murs aux différents motifs, incluant la croix de St-Jean aux huit pointes, qui crée l’effet d’une immense brocarde qui tapisserait les murs et colonnes de la cathédrale. Arrive à jeter un coup d’œil furtif à l’intérieur du musée de la cathédrale – fermé pour l’occasion – pour voir la peinture peut-être la plus célèbre de Caravaggio, la décapitation de St-Jean Baptiste, presqu’une murale, en background du chœur, aux saillis de lumière éclairant les points dramatiques de la fresque, la tête presque coupée du Saint, le couteau de l’exécuteur, etc. (plus tard dans la semaine, j’aurai la chance d’y revenir et de m’y attarder un peu plus, de même qu’à son « St-Jérôme »).
Faisons un tour sur les fortifications, fort imposantes, dominant les ports qui s’y trouvent, de chaque coté de la ville, construite sur cette presqu’ile, et qui offre une vue imprenable sur les villes d’en face qui elles aussi faisaient partie des fortifications de Malte. Ce qui frappe également, et ceci est vrai pour toute l’île, c’est l’omniprésence du calcaire (« limestone ») et de sa couleur ocre. Tout est construit de cette pierre, murailles comme maisons d’habitation. Même les constructions modernes respectent, sinon le matériau, du moins la couleur (à l’exception de cette tour carrée moderne – la tour Hilton – qui domine St-Julians, ajout exécrable qui dénature tout le panorama!)
Nous nous rendons avec un collègue et sa femme à Mdina, l’ancienne capitale située au « cœur » du pays, mais pas plus de 15 minutes – Malte ne fait pas plus que 300 kilomètres carrés (un peu moins que l’ile de Montréal) – pour y déjeuner – excellent repas de poisson et de vins locaux dans les caves rafraichissantes du restaurant Bacchus - puis visiter la cathédrale de St-Paul et les alentours. La ville historique n’est pas très grande mais vaut amplement une visite, entre autres une large résidence, le Palazzo Falson, remontant au XIIIe siècle, depuis transformée en un riche musée, illustrant les particularités de la vie tout au cours de son histoire.
Le tout sous un soleil chaud, une température autour des 20 degrés, une légère brise, et sans humidité! D’où la réputation de Malte comme ayant le meilleur climat au monde!
Malte a une riche histoire remontant au 5e millenium BC, dont on verra plus tard certains vestiges sur l’île voisine de Gozo. Curieux coïncidence que d’être exposés à tant d’histoire ancienne – la Mésopotamie et Malte – en l’espace d’une semaine…