mardi 23 octobre 2007

Bombay...après le festival!






















Bombay
Le 22 octobre 2007

Arrivé la veille près de minuit (tous les vols venus d’ailleurs arrivent dans la nuit en Inde!), en plein festival du Dussehra en son point culminant, après 10 jours de célébrations, alors qu’on parade la déesse Durga et qu’on s’apprête à jeter sa statue à l’eau, dans ce cas-ci l’océan indien, ou plus précisément la mer d’Arabie. On m’explique que cette fête hindoue, c’est un peu comme le nouvel an, le temps des nouveaux départs, et que l’on fête la victoire des forces du bien sur celles du mal. Congestion dans les rues qui mènent de l’aéroport à l’hôtel. Le calme de la voiture tranche avec le brouhaha et le tumulte extérieur.

Première visite à Bombay (que personne ici n’appelle Mumbai!) depuis 2004. La route s’est améliorée depuis l’aéroport mais toujours le débordement : là ou on n’a prévu trois voies, il y a toujours 5 lignes de voitures qui s’affrontent pour s’y engager!

Descendu au Marriott, hôtel de luxe, typique de l’Asie – et qui ressemble à tous les autres d’ailleurs : lobby monumental et bruyant de marbre couleur beige-pâle, aux boiseries brun-rouge, profusion de personnel, d’ailleurs remarquablement polis et déférents, et toujours très fréquenté par locaux ou touristes indiens surtout même à cette heure tardive.

L’hôtel donne sur la plage; vue panoramique de ma chambre sur la mer d’Arabie. Espace isolé et bien gardé des jardins et de la piscine, surplombant et séparé de la plage. Deux mondes bien distincts : celui du luxe relatif des habitants de l’hôtel, allongés autour de cette piscine tout azure, et celui de la masse locale qui déambule, indifférente, le long de la plage. Je profite d’une heure de repos en après-midi pour franchir le mur – après avoir dûment signé le registre au seuil de la porte verrouillée et après que le garde d’office m’ait expliqué comment signifier mon désir de ré-entrer dans cet oasis : en faisant retentir la cloche à l’extérieur.

Plage immense, plusieurs kilomètres de long, qui s’avance lentement vers l’océan. Jonchée de débris – ce que la mer a refoulé de toutes ces statues et décorations de circonstance. Des promeneurs de tout âge picorent à même ces rejets, à la recherche de quelque chose de valeur, ou même par simple curiosité or habitude. Des équipes sanitaires s’occupent à dégager tout çà. Autant de gens, de jeunes surtout qui déambulent; et pourtant ce n’est pas un congé civique : n’y a-t-il pas d’école? Ne sont-ils pas au travail? C’est mal connaitre l’Inde que de se poser la question…

Je remonte vers l’hôtel, non sans avoir pris de copieuses photos de ce monde tout en contraste…

samedi 20 octobre 2007

L’abbaye de Praglia, Veneto, Italie







L’abbaye de Praglia, Veneto, Italie

Fin d’après-midi d’octobre. Un soleil aux forces déclinantes mais qui se fait sentir encore tout de même. Première promenade autour du monastère. Température automnale; plutôt frais. Le cloître dit botanique avec son jardin à l’italienne, et ses colonnes de marbre qui alternent du rose au blanc; petite fontaine au centre que l’on entend à peine. Et puis au détour, du fond du cloître, apparaît en regardant bien haut la tour et le dôme de l’église qui se profilent bien contre ce ciel bleu de fin de journée. Ne manque plus que la verdure environnante que l’on découvre vers l’arrière du monastère; en prenant du recul, la colline qui surplombe l’abbaye se dessine. Lieu de calme et d’inspiration…y passerai le plus clair de la semaine.

L’abbaye bénédictine Santa Maria Assunta à Praglia (prononcer Praaa-lia; j’ai compris que l’on ne prononce pas le g avant le l en italien) remonte au tout début du 12e siècle; elle fut créée par une famille puissante des environs qui avait déjà quelques bâtiments sur place, à quelques kilomètres de Padoue. Le premier document attestant l’existence du monastère remonte à 1107 selon les archives, tel que rapporté dans un livre sur l’histoire de l’abbaye, L’Abbazia di Santa Maria di Praglia, 1985, que j’ai pu consulter sur place à la bibliothèque. Selon l’histoire, le monastère n’a véritablement commencé qu’en 1117.

Le monastère se situe à 12 km de Padoue, au fond d’une grande plaine bordée par les collines Colli Euganei. (De l’aéroport de Venise, j’y ai mis à peu près une heure en voiture, y compris le détour involontaire que le chauffeur m’a fait faire en périphérie de Padoue!) On y accède par une route secondaire, toute droite, qui offre déjà une belle perspective sur la façade de l’église. Le complexe actuel a été érigé de 1460 à 1550, sur le site original de l’abbaye, dans les styles gothique avancé, et début-Renaissance. Seule la tour reste de la structure médiévale originale. Le complexe s’articule autour de 4 cloîtres, juxtaposés mais non de façon uniforme qui, dans d’autres établissements, formeraient un quadrilatère parfait.

La communauté connaît deux interruptions majeures. D’abord l’occupation militaire de Napoléon en 1810; reprise en 1834. Seconde interruption en 1867 avec la perte de la Vénétie par les Autrichiens aux mains des piémontais (ces derniers avaient perdu la guerre contre les autrichiens, mais ceux-ci ayant perdu aux mains des français, et vu que les piémontais étaient les alliés des français, alors…) Les moines retournent à Praglia en 1904.

L'abbaye de Praglia (suite)










La bibliothèque est particulièrement intéressante. Je l’ai visitée en compagnie du bibliothécaire, frère Guillermo qui parle un excellent français (fort heureusement car mon italien fait cruellement défaut, déficience qui trouble le maître de l’hôtellerie, Padre Emmanuele, qui ne peut que répéter avec un petit regard inquisitif « tutto bene »?) La bibliothèque fut construite première moitié du 16e siècle, en deux étages dont le premier a servi d’église alors que la construction de la basilique était en cours; c’est maintenant ce qu’ils désignent la bibliothèque moderne. Le second étage est le plus intéressant avec son plafond en caissons qui loge une quinzaine de peintures et ses murs occupés de rayons antiques disposés en deux étages. Les peintures sont de Zelotti, un peintre vénitien dont on retrouve aussi les toiles dans l’église, qui reprend des thèmes forts de l’Église, en plein concile de Trente face aux exigences de Luther; elles datent du 16e s. Les rayons ont été installés beaucoup plus tard, probablement au 18e s. et les peintures qui recouvraient les murs ont été transposées alors au grand réfectoire. (Fait intéressant que j’apprends du frère Guillermo, les livres au moyen-âge et à la renaissance étaient conservés à l’horizontale; ce n’est que plus tard qu’on a introduit les rayons à la verticale.)

La bibliothèque compte une centaine de mille bouquins dont 35,000 au deuxième étage. Il est intéressant de noter que, sauf pour quelques très peu nombreux livres, la collection ne remonte qu’au 20e s; c’est à dire qu’on y retrouve des livres remontant jusqu’au 15e s. mais ils n’ont été acquis qu’après la reprise en 1904, les piémontais, puis avant eux les français, ayant dépouillé la bibliothèque de ses trésors livresques qui se sont, du moins pour certains, retrouvés dans les bibliothèques d’état. Quant aux peintures du plafond, elles, elles ont été récupérées de la ville de Padoue par les moines après la reprise en 1904. La bibliothèque, est classée monument national – Biblioteca del monumento nazionale di Praglia – de même que le reste du complexe (exception faite pour quelques parties – lesquelles? – du domaine qui avaient été vendues par l’état italien qui n’arrivait pas à couvrir les dépenses!)

Magnifique réfectoire (antique, comme on le dénomme, par opposition au moderne, rénové en 1991, ou nous prenons déjeuner et diner)! Immense, entouré de sièges sculptés dans du noyer et incrustés de bois d’olivier, qui forment un tout ininterrompu tout autour de la salle. Le mobilier date de 1726. Peintures de Zelotti sur les murs latéraux (des scènes de l’ancien et du nouveau testament) qui viennent de la bibliothèque comme on l’a déjà vu. Au fond, surplombant la table principale, une très belle fresque de Bartolomeo Montagna, surprenamment moderne pour une pièce du 15e s. Y dine-t-on souvent, demandais-je? Non, que pour les grandes occasions, me sourit-on, comme aux fêtes du centenaire en 2004.

L’église, très Renaissance, fut terminée milieu 16e s. Des Zelotti comme fresques qui ornent la coupole. Autres peintures comme retables d’autel dans les différentes chapelles tout autour, de peintres de la Vénétie. Un grand retable en contrefaçade de l’Assomption de la Vierge à qui est dédiée l’église; de Zelotti également. Le chœur tout en bois, aussi du 16e s. L’église est élevée au statut de « basilique mineure » par Pie XII.

Le cloître rustique, avec son puits en trachyte au centre; celui que je fréquente le plus, près de l’hôtellerie, lieux de mes promenades de fins de journée, après les Complies, pour une dernière bouffée d’air frais…et le deuxième et dernier cigarillo de la journée (enfin, c’est pas parce qu’on est dans un monastère que…!)

J’aime bien également la grande cour arrière, emmurée, qui longe l’aile abritant leur centre de congrès. Un peu négligé, herbe au sol, des arbres, des arbustes, et ce petit banc de pierre sous l’arbre du fond que j’ai adopté comme coin de lecture – çà vous prédispose…

L'abbbaye de Praglia (suite et fin)










On mange bien chez les bénédictins. C’est savoureux et copieux – on se sert à volonté – mais honnête. Potage, rizotto ou pâtes en entrée, viande ou poisson, légumes et salade, comme mets principal, un fruit comme dessert, puis le petit quart de vin avec çà. Quelques fois un dessert spécial, un gâteau ou des marrons cuits, avec un vin d’occasion. Tout çà se fait selon un rituel bien établi et en moins de 20 minutes. La prière de l’abbé, on s’assoit, il donne le signal en dépliant sa serviette, les plats s’approchent en séquence, amenés par deux moines qui font le service. Je suis assis à côté de l’abbé; j’apprends vite le code : on lui apporte un plat, il se sert puis le pousse du revers de la main vers moi; je me sers et le pousse devant moi, à quel moment le moine de service reprend le plat pour l’amener à la table voisine. Et ainsi de suite pour chaque plat. Puis l’abbé donne le signal de la fin du repas en frappant une fois la petite cloche en face de lui. Debout, une prière d’action de grâce, et on se retire, en laissant la table principale passer d’abord. Efficace!

Tout çà en silence, sauf pour la lecture à voix haute faite par un moine à l’entrée du réfectoire; en italien, ce qui me laisse tout le temps pour penser à autre chose, pour observer, les murales modernes d’abord, puis, discrètement, les moines des tables voisines, chacun trahissant un peu leur personnalité par la façon qu’il mange… La lecture comme fond sonore me rappelle mon premier diner chez les moines de Maredsous en Belgique, il y a bien plus de trente ans; alors que j’entre dans le réfectoire, quelle n’est pas mon étonnement en entendant des incantations glorifiant Mao et Lin Biao! Non ce ne sont pas des nostalgiques de la révolution culturelle, mais tout simplement des moines qui s’informent du monde extérieur : il s’agissait d’une citation dans un passage du livre d’Alain Peyrefitte, Quand la Chine s’éveillera, dont un moine faisait la lecture à voix haute!

On mange mieux au sud qu’au nord, incidemment…

En mangeant tout en entendant ces extraits de la bible en italien, çà vous laisse aussi le temps pour penser aux raisons qui ont pu amener cette vingtaine d’hommes, disposés autour de cette enceinte, à choisir cette existence. Les plus jeunes sont dans la trentaine, dont padre Emmanuele qui s’occupe de l’hôtellerie, mais la plupart je dirais dépasse la cinquantaine, dont quelques-uns d’un âge avancé. La langue limite le contact et l’échange – mon italien est presqu’inexistant et leur anglais ou français très limités. Mais on peut spéculer. Qu’est ce qui peut pousser à la vie monacale? Le désir de servir Dieu dans une relation exclusive? Possiblement et sûrement dans plusieurs cas, du moins comme motivation initiale. La vie contemplative? A voir le caractère de certains de ces moines, du moins parmi les moins âgés, j’en doute. Le désir d’échapper à la vie de l’extérieur avec tous ces défis et trépidations? On est porté à y penser. On s’en défendrait si on leur demandait, mais il est difficile d’exclure; encore qu’il doit y avoir d’autres raisons également, plus inspirantes et moins suspectes, qui constituent le fondement d’une telle décision.


Outre la prière et la méditation, les moines de l’abbaye s’adonnent à plusieurs travaux qui vont de l’agriculture – apiculture, culture maraichère, production de vin – jusqu’à la fabrication d’une ligne de produits de beauté, en passant par la restauration de livres anciens dont l’atelier fait école depuis sa fondation en 1951. Les produits sont vendus aux touristes qui viennent par groupe visiter l’essentiel de l’abbaye quelques heures en après-midi. Praglia publie un peu, des œuvres d’auteurs extérieurs car très peu sont de moines de l’abbaye, dont la vocation est plutôt rurale, me précise le bibliothécaire Guillermo, avec un sourire en coin. L’abbaye opère également un petit centre de congrès logé dans le pavillon réaménagé qui complète au sud le complexe – très moderne et confortable d’ailleurs. Des projets de réfaction des murs extérieurs de certains pavillons sont en cours du côté est.

Derniers saluts à l’abbé et puis à Walter Emmanuele. Je quitte, l’esprit et le corps reposés, pour reprendre un rythme un peu plus habituel. Demain Zurich; puis Bombay…


Praglia, le 19 octobre 2007

lundi 15 octobre 2007

Paris, un weekend en octobre...






Saturday, Oct 13
Visited on Saturday just-opened exhibition of Gustave Courbet Can’t say I knew him, rather puzzling considering how considerable he is. His auto-portrait that serves as a cover and poster for the exhibition is quite enticing – le désespéré!

C’est au Grand Palais. Peintre iconoclaste de son époque qui cherche à se démarquer de sa génération, notamment par son réalisme. De famille aisée de province (Jura). Vit à Paris mais très attaché à son coin de pays. Essentiellement, des paysages, de son coin natal, des portraits de contemporains, certains célèbres – Proudhon entre autres – et puis des nues, dont le plus célèbre, l’Origine du Monde, ayant comme point central, en gros plan, le pubis, à la crinière très fournie surplombant une fente bien dessinée, d’une femme allongée, jambes bien ouvertes, acéphale, dont on ne voit que la partie médiane du corps – reconnu comme le nu le plus controversé de l’histoire moderne de la peinture. Peinte pour le compte d’un diplomate turc. Plutôt « in your face »! On comprend qu’il fut longtemps tenu à l’écart du public. On en a même fait un livre, des péripéties du tableau qui disparut et qui n’a fait surface que longtemps après. Rôle politique de Courbet; entre autre, tenu singulièrement responsable du « déboulonnage » de la colonne Vendôme durant la Commune, il sera condamné par le parlement à couvrir lui-même l’entièreté des frais de sa reconstruction; ce qui l’accule à la faillite et il s’exile en Suisse. Une pléthore de livres et revues sur Courbet, curieusement en vente au Louvre plutôt qu’au Grand Palais. En plus une bibliographie complète sur Courbet.

Diner à un restaurant tout près de l’hôtel, équipé d’un téléviseur pour le match décisif entre l’Angleterre et la France pour la demi-finale…que les « Bleus » perdent. La deuxième demie en compagnie de français, à la table voisine… L’Afrique du Sud battra l’Argentine le lendemain. La finale est due le 20 octobre.

Dimanche, le 14 octobre
Promenade dans le jardin des Tuileries. Sous un soleil d’hiver mais quand même radieux et qui s’est avéré très chaud pour la saison tout au cours de la journée. Visite impromptue au Louvre – y passe les 3 heures suivantes. Première visite depuis longtemps; certainement depuis que les Finances ont quitté rue Rivoli et libérés le pavillon Richelieu pour les fins du musée. Y entre par la pyramide de verre d’I.M Pei. Il ne s’agit là que du « tip of the iceberg » littéralement, quand on considère l’aménagement souterrain du nouveau Louvre. Me suis concentré sur les Arts de l’Islam, section à laquelle s’ajoutent deux expositions temporaires. D’abord une sélection des chefs-d’œuvre de la collection islamique de l’Agha Khan Museum, dont la totalité sera logée au musée en construction à Toronto, et qui sera la plus grande collection dédiée à l’Islam en Amérique du Nord. Ouverture prévue pour 2011. Et puis l’autre, le Chant du monde -l’art de l’Iran safavide, 1501-1736, que je ne prends pas le temps de parcourir hélas – il fait trop beau à l’extérieur! Un mot cependant sur la collection permanente : très riche et fort bien aménagée, dans ce qui ressemble bien à l’intérieur d’une mosquée ou d’un palais, avec ses petites salles au plafond bas et ses arcades typiques. Il faudra prendre le temps de le visiter et d’y faire justice un de ces jours…

M’attarde un peu à la librairie du Louvre – véritable foire du livre culturel! Une telle abondance; on y passerait volontiers des heures…

Flâne dans le 1er; me rends au Pont Neuf; descends au vert galant – souvenir d’antan – pour la lecture. Et puis m’assoupis sur l’herbe – le soleil est bon. Déambule le long des quais sur la rive gauche; y trouve un livre sur T.E. Lawrence, Laurence d’Arabie, ou le rêve fracassé, de Benoist-Méchin. Je ne le connaissais pas; j’achète.

Dîner avec le collègue et ami Claude Gaillard et sa femme Catherine... A l’Auberge bressane; le poulet de Brest s’imposait, et un sauté de serpes en entrée, arrosé de quelques bouteilles de La Chablisienne, toujours fiable.

jeudi 11 octobre 2007

3 jours à Madrid…3 musées!






















3 jours à Madrid…3 musées!

Découverte d’un nouvel hôtel, Hostal Abalu, recommandé par i-escape. Découverte, c’est le cas de la dire car l’un de nos taxis – il a fallu en prendre 2 de la gare, le premier refusant de nous prendre avec tous nos bagages! – s’est perdu en s’y rendant. Hôtel très retro – dernier spectacle de Madonna projeté sur le mur du lobby - clientèle mixte, confortable mais plutôt exiguë. Très central, dans un quartier plutôt mixte également…

Au programme, 3 musées parmi les plus grands au monde : le Centro del Arte Reina Sophia, le Prado et le Thyssen-Bornemisza.

Lundi. Descente à pied le long de la Gran Via et de la Paseo del Prado vers le Reina Sofia qui loge la peinture espagnole contemporaine et moderne. Focus sur Picasso – la Guernica, inévitable, mais aussi une série de sketches au crayon qui diffèrent de l’habitude – Dali, Miro, en profusion – probablement la collection la plus abondante de ces peintres en un seul lieu. Quelques découvertes, dont Gargallo, ses sculptures et masques de fer. Salut en passant au mouvement surréaliste – salle dédiée au films marquants de Bunuel, Le Chien Andalou et l’Age d’Or, tourné avec la contribution de Dali et de Frederico Garcia Lorca si je ne me trompe pas. Passons outre la production plus moderne des années ’80 et plus. Visite rapide dans la partie moderne du musée – un ajout à cet ancien hôpital transformé en musée – ou se trouve une librairie fantastique couvrant tous les arts et ou j’ai passé pas mal de temps lors de ma dernière visite à l’automne l’an passé. Déjeuner aux tapas dans une taberna recommandée par l’hôtel dans le quartier maintenant à la mode du Latina : si on aime la friture, on est bien servi avec les tapas!

En soirée, le flamenco, la troisième session depuis Séville; plus « moderne », moins touristique. Jamon et queso, plus vin rouge!

Mardi, le Prado. Focus sur Goya, une reprise pour moi, une découverte pour Cynthia. Je m’absente pour un rendez-vous d’affaires. Cynthia se paie El Greco, Bosch, Velasquez, Ribero, and the only Rembrandt. En supplément, après le déjeuner, une exposition de photos, artistes d’un peu partout, captant le 20e siècle, la première partie en tout cas : « Momentos estelares. La fotografia en el siglo XX ». La découverte, c’est plutôt le building dans lequel l’exposition se trouve : le Circulo de Bellas Artes, très art déco.

Mercredi, le Thyssen, avec son exposition spéciale qui commençait hier : Durer y Cranach : Arte y humanisme en la Ale mania Del Renacimiento. A voir également la collection de peintres flamands, la plus considérable selon Teddy Bautista, le CEO de la SGAE, l’équivalent local de la SOCAN. Remarquable collection permanente, très éclectique mais qui couvre l’éventail de la peinture du 14e siècle-début 20e, plus une bonne collection américaine.

Madrid, le 10 octobre

dimanche 7 octobre 2007

La Cazalla
















La Cazalla

Having stayed in in-town hotels all of the last 2 weeks, we thought a little taste of the Spanish countryside would not be out of place: La Cazalla certainly met our expectations!

Nestled in the fold of a valley in the highlands of Andalusia near Ronda, la Cazalla is a home more than a hotel that owner Maria Ruiz and her son Rodrigo have built on the remaining of a secondary building dating back to the Romans. That really was a pretext to build a stylish “finca” or country residence, with all the modern necessities without its annoying trappings (TV, phone, internet – yes even the freak that I am about proper communications means will admit to enjoying the respite…although my BlackBerry still had coverage but I did not abuse!) Five or six rooms upstairs, and downstairs, with its sunken lounge (the old roman ruin!), the living room and the dining area, felt like your private home.

Done in local style, with a Moorish touch in the décor and dispersed objets d’art here and there – even a Buddha discretely nested in a corner – the interior tells of a great attention to details in creating this relaxing space. An equal amount of work of love was invested in the exterior, with a brick terrace that leads out of the living room towards green surroundings, the sound of fountains and the warming sun much appreciated in these early days of October.

Then the pool: no, not the resort-type one, but a roman-like construction, no more than 10-foot wide by 40-foot long, with a wall at one end from which gushes a stream of water that breaks the surrounding silence and induces ripples on the water. To complement, a series of small private patios, isolated from each other by tall hedges and covered by sheets of blue and green canvas supported by discreet blue- painted poles – we spent a whole afternoon in the bliss of sun and water, reading, munching on Maria’s picnic, well lubricated with a cool, fresh local white (Vino Mantel, it was called).

And you are far away from anything else. There is a neighbor somewhere half a mile away; his dogs remind you of his existence. We walked along a path that follows the contours of the valley, for a good hour, before we decided to turn around. Not a soul, but lots of birds singing – almost biblical. At night, being the mating season, you hear the wanting howling of the male deer and the feeble moaning of the female in the morning (Cynthia objects to my characterization!)

There would be much to say about Maria; the little we learned about her left us with the deep impression of a woman, probably in her fifties (or prime sixties!), who has lived, well traveled and cultured, who by choice decided to leave it all, the big city – Madrid – and all its constraints and, yes, delights, although she professed that she hated it! To come and find peace and the passion of her life in building that little piece of paradise for the enjoyment of passing-by foreigners, coming from all walks of life, who for a moment share a common experience of “ravissement”.

A wonderful interlude in our city-pack tour of Andalusia!

October 7, 2007

Here are a few pictures that will tell you far more that my failing words, and a link that will give you more details if you are ever tempted by a quiet and comfortable sojourn in Andalusian country surroundings…


http://i-escape.com/hotel.php?hotel_key=SP014










jeudi 4 octobre 2007

Grenade - un peu d'histoire...

Grenade

Un peu d’histoire, car Grenade se singularise par le confluent de cultures qu’elle représente. Colonie, puis province romaine au début de l’ère chrétienne, envahis par les Wisigoths au 5e siècle, qui furent chassés par les maures au début 8e, qui eux y restèrent jusqu’au 15e, chassés à leur tour suite à la victoire définitive des rois catholiques Isabelle et Ferdinand en 1492 et l’exit final des arabes. Grenade a par la suite été le site ou s’est joué plusieurs conflits politiques, entre libéraux et conservateurs au 19e et entre républicains et nationalistes du temps de la guerre civile.

Un mot sur la présence mauresque dans la ville. Suite à leur arrivée en Espagne au début du 8e siècle, le centre du pouvoir des maures s’est situé à Cordoue : la construction de la grande mosquée – la Mezquita – date de quelques décennies après que les Oméyyades – première dynastie musulmane en Espagne – se soient installés dans le sud, dans ce qu’ils nommèrent l’al-Andalus. Séville prit le dessus au 11e siècle, suite aux luttes internes à Cordoue, pour elle aussi perdre à son tour son ascendance, et du même coup l’ascendance musulmane s’est elle aussi estompée, avec la conquête du territoire par le catholique Ferdinand III au 13e.

Ce n’est qu’à ce moment-là que Grenade s’impose avec la dynastie nasride, grâce au sultan Ibn Al-Ahmar dont l’influence sur le territoire avoisinant grandit suite aux arrangements qu’il fait avec Ferdinand III en devenant son vassal (en retour d’un tribut annuel équivalent à la moitié de ses revenus!) C’est à cet époque et sous les Nasrides que l’Alhambra est construite, début du 13e, et que les sultans Yusuf 1er et Mohammad V érigent leur magnifiques palais au 14e siècle – magnifiques par leur beauté plus que par leur dimension somme toute modeste. Les Nasrides y seront jusqu’à la « reconquête » définitive du territoire andalou par les catholiques avec la victoire des Rois Isabelle et Ferdinand, fin du 15e, marquant ainsi la fin d’une civilisation qui aura duré près de 8 siècles.

Grenade, avec l’Alhambra, présente probablement donc le vestige le plus important de la présence musulmane en Espagne.

3 octobre 2007

P.S. February 1, 2009. added here is a documentary produced for the British TV (Channel 4), very well done, that attempts to "put back" into its right place in history the 8 centuries of the moslems in Spain. Brilliant! http://video.google.com/videoplay?docid=-768956312207897325

mercredi 3 octobre 2007

L’Alhambra de Grenade!






















L’Alhambra de Grenade!

Tant d’histoire et de civilisation dans un seul lieu. Essentiellement une illustration de la civilisation arabe en Espagne, alors qu’elle atteignait son apogée (13e et 14 siècles), à laquelle s’ajoutent quelques superpositions d’inspiration chrétienne, suite à la victoire des très catholiques roi et reine de Castille et d’Aragon en 1492. Ajouts par ailleurs plutôt gauches et prétentieux tel le palais, style renaissance, de Charles Quint planté au beau milieu de l’Alhambra dont le style impérieux tranche avec la finesse et le raffinement des palais nasrides adjacents. Car ces palais sont pour le visiteur véritablement la trouvaille de cet agencement architectural perché en contrefort de la ville. Il y a bien les jardins élaborés et inspirants du Generalife qui surplombent l’Alhambra, et la citadelle de l’Alcazaba avec ses tours imposantes qui profilent l’ensemble, mais ce sont bien ces palais plutôt discrets et riches en design qui définissent l’Alhambra et qui en font un joyau universel. Quelques photos pour illustrer et un site internet à visiter.

http://www.greatbuildings.com/buildings/The_Alhambra.html


Déjeuner au Parador San Francisco, hôtel de classe sur le site de l’Alhambra même. Mets respectables – entre autres fèves rôties avec jambon iberico, asperges et saumon marinés comme entrées, seabass dans une croute de lard local – mais un service loin d’être à la hauteur!
2 octobre 2007

lundi 1 octobre 2007

Cordoue – La Mezquita


Cordoue – La Mezquita

Le 30 septembre

Une fois l’hôtel trouvé – ce qui ne put se faire qu’avec la réception au bout du portable après avoir tourné en rond dans des rues pas plus larges que la voiture! – et un repas rapide, nous déambulons vers le centre historique de Cordoue qui s’articule autour de la mosquée – La Mezquita.

L’histoire de ce remarquable édifice commence par une transaction. Les musulmans de plus en plus nombreux après leur arrivée au début du 8e siècle cherchent un lieu de culte et achètent la moitié d’une église catholique, l’église Saint Vincent, pour y pratiquer côte à côte avec les chrétiens – on imagine difficilement la chose aujourd’hui! Puis ils achètent le reste de l’église et construisent une mosquée à même les matériaux de l’église, ce qui explique en partie la rapidité avec laquelle elle fut construite, soit de 785 à 793. Pour nombre de raisons – en autres la dimension des matériaux avec lesquels ils ont dû composer – l’architecture de cette mosquée diffère de celles construites depuis Mahomet et notamment celle du Dôme du Rocher à Jérusalem construite il y a 100 ans auparavant. La trouvaille de Cordoue, ce sont les arcades à deux paliers, qui faute de colonnes suffisamment élevées en partant, créent l’impression de hauteur qui marquaient les premières mosquées. Le style devait se retrouver dans les mosquées qui vinrent après.





En y entrant, c’est l’impression frappante : une foret d’arcades qui se dessinent dans la pénombre, et ce sentiment d’isolement soudain du monde extérieur (en dépit des hordes de touristes et de tours guidés!) qui devait inciter à la prière.

Chose unique à cette mosquée cependant, et qui la rend un peu tristement célèbre, c’est qu’on y retrouve en son sein une cathédrale! Eh oui, une fois l’Andalousie redevenue chrétienne, l’évêque du coin, en dépit des protestations locales mais avec l’aval du nouveau roi venu de l’étranger, Charles Quint, décide de l’aménager au cœur de la mosquée. Ce qui donne l’ensemble architectural le plus incongru qu’il m’ait été donné de voir, et qui faisait dire à Charles Quint après avoir vu l’ouvrage et se rendant compte de sa faute initiale : « vous avez construit ici ce que d’autres auraient aussi pu faire ailleurs, et ce faisant avez détruit ce qu’il y avait d’unique au monde !»

Curieusement, au moment même où Charles Quint faisait ce commentaire, il autorisait la construction d’un palais à son intention dans l’enceinte même de l’Alhambra. Le palais est impressionnant par la simplicité du concept mais la prétention de ses dimensions tranche avec l’élégance subtile et proportionnée des palais nasrides adjacents.