“Leonardo da Vinci: Painter at the Court of Milan”, au National Gallery de Londres
Un trou dans l’agenda d’affaires – prévu cependant puisqu’il fallait acheter un billet d’entrée chronométré, et au gros prix également : 8 fois le prix marqué, encore que le fournisseur, via le concierge de l’hôtel, en voulait d’abord 10 fois! Très courue, cette exposition, vantée comme la plus grosse de l’année à Londres!...
Voici comment les organisateurs de l’exposition la présentent: “Leonardo da Vinci: Painter at the Court of Milan’ is the most complete display of Leonardo’s rare surviving paintings ever held. This unprecedented exhibition – the first of its kind anywhere in the world – brings together sensational international loans never before seen in the UK. While numerous exhibitions have looked at Leonardo da Vinci as an inventor, scientist or draughtsman, this is the first to be dedicated to his aims and techniques as a painter. Inspired by the recently restored National Gallery painting, The Virgin of the Rocks, this exhibition focuses on Leonardo as an artist…”
Da Vinci a fait très peu de toiles, pas plus d’une vingtaine tout au cours de son existence, et encore, il ne les a pas toutes terminées! La plupart de ces toiles ont été peintes du temps où il était effectivement à Milan, d’environ 1482 à 1499, pour le compte de Ludovic Sforza, dit le Maure, comte de Milan, comme artiste salarié - je présume que çà réduisait considérablement la précarité associée autrement au métier! (La Joconde a été peinte à Florence, après le tournant du siècle, quelques années après son départ de Milan).
Je n’en ai compté que 5 ou 6 à l’exposition, des toiles, auxquelles il faut ajouter l’énorme murale de la Cène, reproduite grandeur nature quelque vingtaine d’années après que l’original fut peint; celui-ci se trouve, très endommagé –presque complètement délavé, dû à la technique non éprouvée qu’a utilisée Léonardo à l’époque –toujours sur le mur du réfectoire du couvent Santa Maria della Grazie, à Milan. Il aurait mis plus de 6 ans à compléter le tableau!
En fait, ce qui frappe à l’exposition, c’est le grand nombre de dessins qui sous-tendent chaque peinture (je dirais qu’ils constituent près de 80% à 90% des objets exposés)! Il faut voir par exemple le nombre de croquis qui ont inspiré chacun des 12 apôtres – sans parler du Christ lui-même –sur la Cène.
Peu de toiles, mais combien prenantes! Notamment ces visages de femme que sont les portraits respectifs de Cecilia Gallerani (la Dame à l’hermine), jeune maîtresse de Ludovic, à 16 ans. ( Voici comment un contributeur à Wikipédia commente l’œuvre : « Le tableau concentre toutes les innovations du portrait inspiré à Léonard: la pose de trois-quart, le visage tourné vers le spectateur, la grâce du geste de la main… « la définition de la forme par la lumière », et « le sens du mouvement interrompu7» (Cécilia semble tourner la tête comme si quelqu’un lui parlait)…Le décalage entre la richesse des vêtements, le geste ferme et le visage encore juvénile ajoutent au charme du tableau…. »)
Et celui de la Belle Ferronière(portrait de sa femme, dit-on, à en juger par son air plutôt soupçonneux!...ou qui sait, peut-être celui d’une autre maîtresse, rivale!) .
Sans parler des deux versions de la Vierge aux rochers, réunies dit-on pour la première fois, peintes à plus de quinze ans d’intervalle, dont l’une réside au Louvre, et l’autre en permanence à la National Gallery de Londres. Remarquable également ce dessin aux dimensions hors-normes, de la vierge assise sur les genoux de sa mère, Anne, avec le Christ enfant et St-Jean Baptiste. Presque sans couleur, mais combien vivant!
L’exposition est bondée – impressionnant de voir tous ces gens (la plupart d’un « certain âge » - ils ont le temps!) patiemment faire la queue devant chacun des dessins et peintures, autoguide à l’oreille et livret en main!... Elle se tient essentiellement dans l’aile Sainsbury, la plus moderne du musée, et se termine dans une salle (« Sunley Room ») au cœur de la National Gallery – ce qui vous permet de déambuler nonchalamment parmi les hauts faits de la peinture du XVe et du XVIe siècle de l’Europe – un véritable temple de la culture et de l’art que ce musée!…
Londres, le 12 décembre 2011