Réveil matinal, comme à l’habitude; déjeuner copieux à l’hôtel et promenade dans la ville (pour digérer un peu, le temps d’un cigarillo!) Départ en voiture début de matinée pour ce qu’on nous a décrit comme théâtre grec ancien le plus impressionnant et le mieux conservé de toute la Grèce, situé à Épidaure (Epidavros), à une trentaine de kilomètres à l’est de Nafplio. Effectivement impressionnant; supérieur à bien des égards à celui qui pourtant nous avait laissé marqués à Syracuse, en Sicile en décembre dernier!
Construit au milieu du 4e siècle avant J-C, son auditorium est presqu’intact, pouvant assoir dit-on, si l’on compte la douzaine de rangées supérieures ajoutées quelques siècles plus tard, plus de 15,000 spectateurs. On l’utilise encore l’été pour des représentations de pièces du répertoire grec classique entre autres (à voir, un jour…) Cynthia et moi sommes seuls – incroyable et inespéré! Les cars de touristes arriveront plus tard. Du centre de l’orchestre, la voix porte admirablement bien jusqu’aux derniers gradins – acoustique remarquable. On s’amuse, Cynthia à dédier sa visite aux acteurs du Stratford Shakespeare Festival qui ont quitté la scène (de la vie!) cette année; moi, à déclamer quelques lignes du Cid de Corneille dont je me rappelle encore ("O rage,o désespoir...")!
Le théâtre fait partie d’un grand ensemble architectural dédié aux soins médicaux – le Sanctuaire d’Asclepios, dieu de la Santé – dont il ne reste plus que les fondations, auxquels s’acharnent des archéologues payés par l’UNESCO à reconstruire – un véritable casse-tête et un travail de moine!
On se rend tout de même au Stade du Sanctuaire, toujours dans le même ensemble, dont la piste de course, qui fait plus de 180 mètres de long sur une vingtaine, reste intacte, bordée de chaque côté par des gradins situés à peu près à mi-parcours. Le stade devait supposément accommoder plus de 6000 spectateurs. J’ai l’impression qu’il manque beaucoup de gradins, qu’on s’affaire d’ailleurs, ici comme ailleurs sur le campus, à reconstituer. Reste aussi des stèles d’un mètre ou plus, tout au long d'une dalle de pierre au sol, qui marquent la ligne de départ et séparent les coureurs des uns des autres. On peu presque imaginer les coureurs, nus évidemment, en position de départ (debout à l’époque, légèrement inclinés, paraît-il…) On y tenait des compétitions à tous les 4 ans qui devaient faire partie du calendrier pan hellénique des jeux, incluant ceux d’Olympe.
Filons sur Mycènes, sur la route de retour vers Athènes. Site archéologique incroyable, encore exploré de nos jours, travaux d’excavation déjà commencés par les français d’abord (expédition de 1822) puis beaucoup plus à fond par l’allemand Heinrich Schliemann (1876). Ses ruines avaient même été visitées par un chroniqueur grec au 2e siècle apr. J.-C. On peut se demander d’ailleurs si à l’époque on avait le même engouement pour les vestiges du passé – au moins 10 siècles séparent l’apogée de Mycènes et l’époque classique grecque du 5e siècle av. J.-C. – que nous en avons maintenant à l’égard d’un passé même un peu plus récent…probablement pas !
Mycènes, ville presque mythique qui remonte au 17e siècle avant J.-C. et qu’Homère cite dans l’Iliade comme la ville d’Agamemnon qui mena les troupes grecques dans le siège de Troie. Ville qui donna son nom à la civilisation mycénienne de la Grèce préhistorique. Les ruines datent probablement du 14e siècle avant J.-C., au moment oàu Mycènes acquière ses premières fortifications et prospère pendant les 2 siècles qui suivent. Ville riche en or – plusieurs vestiges en métal précieux, dont cet extraordinaire masque, faussement appelé « Masque d’Agamemnon », qui remonte au milieu du 16e siècle avant J.-C., sont conservés au Musée national d’archéologie à Athènes (copies au musée local)
Sa ruine et sa décadence sont mal expliquées : causes naturelles (tremblements de terre?) ou crises de civilisation, il semble qu’on ne le sait pas… A tout évènement, Mycènes, dès le 12e siècle av. J -C., devait graduellement disparaître dans la nuit des temps…
D’autres sites environnants mériteraient une visite, Argos ou encore Nemae, mais le temps nous manque et on nous attend pour dîner à Athènes…
Athènes, dimanche le 20 février 2011