Louvain, quelque 40 ans plus tard…
Amusant de s’y retrouver après si longtemps. La ville a évidemment changé, mais l’essentiel reste : l’hôtel de ville, l'église St-Pierre en face (les deux en beaucoup plus « propres »), la Grande Bibliothèque, l'église Ste-Gertrude, le Grand (et le Petit) Béguinage. Nouvelles constructions ici et là, piétonnières dans le centre-ville. La place Foch au bout de Bongenotenlaan, éventré, en pleine réfaction. Je cherche en vain la librairie (dont le nom m’échappe- Cabay?) qui y donnait, et où j’avais l’habitude de prendre les journaux (étrangers) du matin avant d’aller prendre mon café à côté.
Louvain, ville universitaire, évidemment. Voici comment Wikipédia reprend son histoire (http://fr.wikipedia.org/wiki/Louvain) :
« La ville de Louvain a été le siège de quatre institutions universitaires de renom qui s'y sont succédé mais sans avoir de lien entre elles sinon géographique.
• D'abord dès 1425: l'Université de Louvain (1425-1797) ou Studium Generale Lovaniense ou Universitas studiorum Lovaniensis, qui fut fondée par un prince français, Jean de Bourgogne (Jean IV duc de Brabant) du consentement du Pape Martin V. Cette université deviendra une des plus prestigieuses institutions d'Europe. Elle a été officiellement supprimée en 1797.
• En 1517, le Collegium Trilingue institut universitaire, qui fut une institution humanistique indépendante de l'Université.
• En 1817, l'Université d'État de Louvain. Cette université a été officiellement supprimée en 1835.
• En 1835, l'Université catholique de Malines s'établit à Louvain et pris le nom d'Université catholique de Louvain. Cette Université dont le corps professoral était à l'origine composé presque uniquement d'ecclésiastiques est placée sous la direction directe des évêques de Belgique. Cette université a été scindée en 1968, à la suite d'un conflit entre flamands et francophones, en une aile flamande (la Katholieke Universiteit Leuven ou KUL) qui est restée à Louvain et une aile francophone (l'Université catholique de Louvain) qui s'est installée à Louvain-la-Neuve, une ville créée pour l'occasion, dans le Brabant wallon, près de Wavre. »
Redécouverte des lieux connus en retraçant les parcours d’antan. Naamsestraat jusqu’au Oude Mart; descente de Vaarstraat jusqu’au 75 (devenu 85) où j’habitais (ci-contre); en passant par le vieux marché aux poissons (où aurait vécu Érasme, le fondateur du « Collège Trilingue » au XVIe siècle, dans une petite maison qu’un Québécois habitait à l’époque – je me souviens encore de son nom : Roger Saucier, un étudiant en sociologie, si je me rappelle bien! Je me demande que sont devenus tous ces Québécois que j’ai connu alors, les Babin, Leblanc, Lafrance, Martel et autres…) Visite de Ste-Gertrude dont le carillon s’est tu et qui alimentait notre vue (et notre oreille) de la cuisine de l’appartement. Je visite l’intérieur de l’église – peut-être pour la première fois! – et on y découvre les fameuses stalles de bois du chœur reconstituées, avec acharnement et passion on présume pendant près de 10 ans, après les bombardements alliés de la Seconde Guerre Mondiale). Petit Béguinage à côté – une petite rues et des maisonnettes qui restent, restaurées. Qu’un relent de houblon dans l’air, dont on ne sait d’où il peut venir puisque l’immense bâtiment qui habitait la brasserie de Stella Artois au pied de Vaartstraat me semble abandonné.
Remontée jusqu’à la Grande Bibliothèque que l’on découvre à partir d’une place qui me semble beaucoup plus large qu’elle ne l’était à l’époque (un bénévole, plutôt très âgé, à l’office du Tourisme, nous rappelle qu’elle a été construite après la Première Guerre Mondiale, à partir de 1921, après le pillage par les Allemands en 1914 de l’ancienne bibliothèque qui se situait dans les Halles Universitaires à l’époque – reconstruite selon les plans d’un architecte Américain, et avec en partie de l’argent américain, j’ajouterai)…
Puis par le parc St-Donatius, pour passer de la Bibliothèque à Naamestraat, où se trouve les vestiges de la vieille muraille qui entourait Louvain à un certain temps (il y reste une tour bien « gardée »), un chemin que l’on empruntait souvent pour aller des cours ou de la maison à l’«Alma», cafétéria et club, lieu de rencontre des étudiants, que je ne retrouve plus.
Le français a disparu; plus que le néerlandais. Utilise plus souvent l’anglais…pour ne pas passer pour un Wallon – l’antagonisme linguistique est encore plus fort qu’à l’époque en Belgique; du moins il ne semble pas avoir été atténué par les années, au contraire! Les émeutes étudiantes en 1968, querelle linguistique entre les francophones et les néerlandophones (qui constituaient bien déjà depuis une vingtaine d’années la majorité de la population étudiante…). La scission de l’Université, le début de la fin de l’Université Catholique de Louvain à Leuven; déménagement progressif à partir de 1971 vers Louvain-la-Neuve, un peu plus au sud, dans le Brabant wallon. Plus que la « Katholieke Universiteit Leuven » aujourd’hui, toute flamande depuis lors…
Petit souvenir qui me revient en traversant Bongenotenlaan, où vivaient nos « hébergeurs » temporaires lors de notre arrivée à Louvain, en septembre 1972…les Dionne, des Beaucerons, dont je devais, par un hasard farfelu, retrouver le fils, qui ne devait avoir que quelques mois à l’époque (petite tête blonde courant dans l’appartement), propriétaire et opérateur d’un restaurant très couru (Le Silapa?) à Vientiane, au Laos, au début des années 2000!
Sommes descendus au Begijnhof Congres Hotel, adjacent (mais non) au Grand Béguinage, qui n’existait évidemment pas à l’époque. Moderne; que deux étages – ne jure pas par un éventuel contraste avec le béguinage avoisinant. Dans une suite, au deuxième (vaut mieux demander une chambre qui donne sur le jardin). Site très reposant…un verre de vin en fin d’après-midi, sous un soleil encore très haut, sur la terrasse donnant sur le jardin, et le béguinage comme arrière-plan… le « Faculty Club » à côté : il faut se rappeler que l’Université a acheté le Grand Béguinage (« sauf l’église » de préciser la vieille dame) au début des années 60, où y logent maintenant étudiants et professeurs…
Dîner au « Botaniq » …(for restaurants, see separate entry)
Promenade dans le béguinage, dimanche matin, sous le soleil. Les béguinages sont un phénomène essentiellement flamands et les 13 qui demeurent ont été intégrés au Patrimoine Mondial de l’Unesco en 1998. Pour en savoir plus, voir l’excellente couverture qu’en donne l’article de Wikipédia « béguinages flamands » (http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9guinages_flamands) . Voici comment il couvre celui de Louvain :
"Grand Béguinage de Louvain.
On admet généralement que le Grand Béguinage, situé primitivement hors les murs, fut fondé en 1232 ; auparavant, des femmes pieuses s’étaient regroupées autour de l’église Saint-Quentin proche (aujourd'hui église gothique un peu à l’est du béguinage). Les béguines eurent aussitôt leur chapelle, et constituèrent une paroisse à part dès 1250. Le Moyen Âge est marqué par une grande prospérité pour le béguinage, et jusqu’à quatre grand’maîtresses, de rang égal, le dirigeaient, conjointement avec un curé, lui-même assisté de trois chapelains. Au XVIe siècle, le béguinage eut à souffrir d’une part d’une désastreuse inondation, et d’autre part des retombées des guerres de religion, le site servant notamment de lieu de casernement aux troupes espagnoles. Le XVIIe siècle en revanche fut une période faste : le béguinage, qui comptait alors une centaine de maisons, était la congrégation religieuse la plus riche de la ville. La politique des républicains français à la fin du XVIIIe, cédant le béguinage aux Hospices civils, et le reflux des vocations dans le siècle suivant firent que le béguinage se convertit progressivement en cité prolétaire, pour se délabrer ensuite peu à peu. En 1962, l’université de Louvain décida de l’acquérir et engagea une judicieuse campagne de restauration, comblant çà et là les endroits ruinés par des constructions neuves conçues dans un style semblable. Ce béguinage, où environ 120 familles et des étudiants ont aujourd'hui trouvé à se loger, renferme : une église gothique de plan basilical, à trois vaisseaux sans transept, de facture sobre, commencé en 1305 et achevé au cours de ce même XIVe siècle, sauf le mobilier qui est baroque; plusieurs grandes demeures remarquables, dont le Kerckecaemer (de 1698), où avaient coutume de se réunir le curé et les grand'maîtresses, et, parmi les nombreux convents dispersés dans le béguinage, la maison dite de Chièvres, de 1651, qui faisait office de convent pour béguines peu fortunées ; le dit quartier espagnol, extension du XVIIe, formant protubérance à l’ouest du béguinage, par ailleurs de forme trapézoïdale ; un portail de style néo-classique, tranchant avec le reste ; un mur d’enceinte en grande partie préservé. La rivière la Dyle, et ses ramifications, traverse le site.
Situé dans le nord de Louvain, le Petit Béguinage est antérieur au Grand Béguinage, puisqu’il remonte au début du XIIIe siècle. Il ne comprend qu’une seule rue d’une centaine de mètres de longueur et une petite impasse adjacente. Sa genèse est liée à l’abbaye Sainte-Gertrude proche, qui était réservée à l’aristocratie, et dont les dames auxiliaires décidèrent de se réunir dans une congrégation et de fonder, sous l’égide de l’abbaye, tutelle qui durera jusqu’en 1631, un béguinage. Celui-ci se dota d’une infirmerie, d’une table du Saint-Esprit, et, en 1369, d’une chapelle. Passées les vicissitudes des guerres de religion, le béguinage s’épanouit, et va compter jusqu’à 25 maisons et 5 convents ; le béguinage ayant obtenu le statut de paroisse à part entière en 1631, l’ancienne chapelle gothique fut remplacée par une nouvelle église. Cependant, le béguinage ne se remettra pas des mesures de confiscation et d’interdiction prises par les autorités françaises. Après le décès de la dernière béguine en 1855, le site perdit définitivement sa destination religieuse, et se trouva graduellement absorbé par la ville environnante. Furent ainsi démolis l’église et le portail, puis en 1954, l’infirmerie, pour permettre l’agrandissement d’une brasserie industrielle. Néanmoins, 27 maisons, sur les 32 originelles, dont beaucoup datées du XVIIe, se sont conservées, et furent restaurées à partir de 1980.
Promenade dans la ville. Déjeuner sur Munstraat (Kokoon). Visite guidée de l’hôtel de ville, plus impressionnante à l’extérieur (fabuleux !) qu’à l’intérieur. Domine la grand’ place. Début de construction en 1439. Sans beffroi. Garni (beaucoup plus tard) de 236 statues de personnages célèbres de la ville, à commencer par Mercator et d’autres. Reste le symbole le plus vivant pour moi de la ville. Visite (pour la première fois ?) l’église de Saint-Pierre, en face – style gothique brabançon, début de la construction en 1425 ; tour inachevée à cause de fondations insuffisantes…magnifique tout de même et grandiose.
Deux jours « back in memory lane »…
Louvain, le 12 juin 2011