lundi 20 juillet 2009
L'Europe en juillet 2009 - Madrid & Tolède
Dimanche le 19 juillet
Arrivé la veille à Madrid, ai profité du dimanche pour le passer à Toledo, à quelque cinquante kilomètres au sud de Madrid, une demi-heure en train. Ville au passé chargé. Logée dans une boucle du Tage, sur un promontoire aux 7 collines. Destinée à être une place fortifiée.
Conquise par les romains, puis les Wisigoths qui se convertissent éventuellement au catholicisme au 7e siècle, habités par les Juifs, puis finalement soumise comme tout le sud de l’Espagne au déferlement des musulmans au début du 8e siècle, Toledo en est venue à symboliser la tolérance religieuse et culturelle. Connue comme la « ville des trois cultures », catholique, juive et musulmane, cette cohabitation devait durer plus de sept siècles, même après la reconquête par les catholiques à la fin du 11e siècle. Ce n’est qu’avec les "rois très catholiques" Isabelle et Ferdinand qu’on a chassé les juifs en 1492, puis les mudéjars en 1502, ces musulmans « domestiqués » à qui on offrit le choix de se convertir ou de s’exiler.
Toledo a conservé tout son caractère médiéval (pour ne pas dire « retrouvé » ce caractère avec son accession au statut de Patrimoine de l’Humanité conféré par l’Unesco fin des années 80s). On peut s’imaginer le caractère pittoresque de cette ville, tout en collines, méandre de rues étroites ou l’histoire s’écrit à chaque tournant, vue spectaculaire sur la plaine avoisinante, et où se côtoient tant églises que mosquées et synagogues. Visite de la cathédrale, bâtie évidemment là où s’érigeait la mosquée du temps de la conquête arabe. Construite du début du 13e siècle à la toute fin du 15e, on peut se demander ce qui pouvait bien prendre autant de temps; on comprend mieux une fois qu’on voit la richesse des décorations de son intérieur. C’est dit-on la plus grande des cathédrales du style gothique construite en Espagne. Je la compare à celle que nous visitions à Séville il y a quelques années.
Tolède, c’est aussi la ville du peintre El Greco qui y vécut une bonne partie de sa vie et dont on retrouve quelques 200 peintures un peu partout dans les églises et les musées de la ville. Une exposition spéciale au Musée de Santa Cruz nous rappelle bien le style quelque peu surréaliste qu’il donnait à ses portraits, uniques pour l’époque, avec les traits du visage allongés, presque difformes parfois, les nez exagérément pointus, et les mains trop fines, du moins dans ses œuvres tirant vers la fin de son existence. La plus frappante, encore que plus réaliste, c’est le chef-d’œuvre « l’Enterrement du Comte d’Orgaz » exposé à l’église Santo Tomé (dont j’ai pu prendre une photo clandestine bien malgré moi!)
Soleil de plomb à 40 degrés Celsius! Je trouve refuge dans un restaurant « jardin » pour le lunch, le Curcuma; une découverte agréable : des croquettes frites à la perdrix.
Deux visites rapides à des expositions temporaires qui saisissent bien le caractère diverse de l’histoire de la ville, l’une sur les gladiateurs – surprenant – où on illustre la vie passée mais aussi les spectacles de combats qui se donnent encore dans des arènes romaines reconstituées sur des sites archéologiques; et l’autre sur les instruments de torture utilisés du temps féroce de l’Inquisition espagnole – thème plutôt macabre mais fort intéressant : le raffinement dans la cruauté n’avait pas de borne!